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few memories of things past

Few Memories of Things Past

Exposition monographique d'Arnaud Cohen commissariée par Simon Njami

 

Du 18 septembre au 3 octobre 2023

 

Dans cette exposition monographique inaugurale de Babel Mallorca, Arnaud Cohen nous propose la vision paradoxale d'un monde qui disparaît sous nos yeux. Fragments d'Antiques aux origines oubliées abrités dans des moulages fragiles de corps de personnes handicapées, ses Temporary Shelters sont comme des autels dédiés à une résistance desespérée à un ineluctable effacement, celui de nos corps imparfaits et périssables, mais aussi celui de la mémoire des cultures qui nous ont précédées. Le sculpteur présente également de nouvelles tapisseries de sa série Winter over Europe. Cette série commencée en 2018 offre une seconde vie à des tapisseries anciennes très abimées en les rendant porteuses d'un sens nouveau. Elle annoncait à l'époque à des élites aveuglées par le confort de leurs certitudes le retour inelectable de la violence en Europe. Des superpositions d'images générées par intelligence artificielle viennent à présent se substituées aux broderies et aux images réalisées précédement par l'artiste lui-même. Ces images nouvelles puisent dans le corpus mondial tout en en ignorant et en en travestissant l'origine. Elle sont pour Cohen le parfait écho de cet inéluctable effacement qui commence par la memoire humaine et finira peut-être par celui de l'humanité elle-même. Ces images sont aussi un des reflets du rétrécissement de la liberté de création qui est un de ses grands sujets. A l'image de la plupart des sociétés actuelles, l'IA qui semble tout permettre interdit par exemple la réprésentation du nu, mais aussi d'une certaine violence politique. Ainsi pour la tapisserie la plus récente présentée ici, l'IA a refusé de réaliser un pendu iranien. L'artiste a du lui-meme combiner plusieurs images générées par IA pour y parvenir. Cohen considère avec quelques artistes et critiques d'art que l'IA va participer à la necessaire réinvension de l'art, comme ce fut le cas avec l'avênement de la photographie. De même que cette dernière a poussé les impressionnistes à représenter un autre monde que celui du strictement visible, de même également que le bad painting a légitimement succédé à la glaçante mécanique industrielle du pop art, il pense que l'art humain n'a d'avenir que loin des prouesses techniques en constantes progression de l'IA et des carquants idéologiques qui l'accompagnent et l'accompagneront encore longtemps. 

Cette exposition pourrait être perçue comme une archéologie du futur, une quête que ceux qui nous succéderont auront la responsabilité de poursuivre. Quelle est le sens des objets ? Quel rôle ont-ils joué dans la vie d’une humanité en voie de disparition ? Quel message déchiffrer de ces vestiges ordinaires ? C'est une énigme composée sur la base de nos propres souvenirs. Les choses ne sont jamais ce que nous pensons et nos souvenirs sont la plupart du temps une reconstruction, un puzzle que nous essayons, encore et encore, de recomposer.

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